L’Opéra de Montréal ouvre sa nouvelle saison en force!
Ma partie préférée de la Rentrée Culturelle à Montréal est sans contredit le premier opéra de la saison. Je suis peut-être biaisée à ce niveau de par mon bagage, mais il y a aspect solennel à cet événement qui vient vraiment me chercher après un été passé en voyage et à l’extérieur.
J’ai eu l’occasion d’assister à la première d’Il Trovatore la fin de semaine dernière et, comme lancement de saison, je n’ai pas été déçue!
Un opera très vocal mais dur à suivre
Je préfère être honnête d’emblée; Il Trovatore n’est pas mon opéra favori en termes de livret. La trame dramatique aux revirements abracadabrants est plutôt difficile à suivre et peut parfois sembler capillotractée (really Azucena, tu as jeté ton propre bébé, la chair de ta chair, dans le feu sans t’en rendre compte? Ce n’est pas à cela que servent les phéromones maternelles; à reconnaitre son rejeton parmi les autres? But I digress).
Ceci étant dit, on ne va pas voir, ou plutôt entendre Le Trouvère de Verdi pour l’histoire qu’il raconte. Que neni, on y va pour écouter certains des plus beaux airs et choeurs de l’opéra!
L’intention du compositeur avec cette œuvre était d’ailleurs de réunir les quatre plus belles voix du répertoire opératique en offrant aux chanteurs des partitions costaudes ne pouvant convenir qu’aux artistes chevronnés. Disons qu’on n’en entend pas souvent les extrait aux récitals de première année du Conservatoire!
Un quatuor vocal de feu!
C’est donc un pari très réussi pour l’Opéra de Montréal, dont trois des quatre rôles principaux, tous exécutés à merveille, sont chantés par des québécois.
Il y a d’abord le duo Nicole Carr + Étienne Dupuis, qui reviennent après avoir touché le public montréalais en 2019 dans Eugene Onegin. Un couple dans la vraie vie, ces deux chanteurs de calibre international ont relevé le défi de Verdi dans une maîtrise totale de leur art.
Nicole Carr, dont la voix sublime est pleine de subtilités, insuffle de la douceur au rôle de Leonora, qui est traditionnellement interprété par des sopranos dramatiques. Elle a d’ailleurs été applaudie longuement par le public. Quant à Dupuis, dans le rôle du Comte de Luna, sa voix a pris du coffre depuis sa dernière apparition a l’OdM. Elle s’est visiblement enrichie dans les dernières années.
Marie-Nicole Lemieux, dans le rôle de la sorcière Azucena, nous a livré une performance des plus dramatique et touchantes. Son Stride la vampa est ensorcelant (sans faire de mauvais jeux de mots) et son Con dotta ell’era in ceppi fend le coeur malgré l’improbabilité du scénario citée ci-haut.
Enfin, le ténor Luc Robert en Manrico a rendu une belle prestation à la hauteur de celle de ses collègues.
Un mise en scène qui laisse la place à la musique
En termes de ce qui se passait visuellement sur scène, on ne peut pas dire qu’on versait dans l’excès. Les décors étaient très minimalistes, (emphase ici sur le mot très) et la mise en scène en était une où le jeu était contenu. Ceci étant dit, les costumes, qui étaient d’époque, ont agi comme marqueur temporel et spacial de l’œuvre, nous aidant ainsi à nous repérer dans l’Espagne de la Renaissance.
Qu’à cela ne tienne, la beauté de la partition n’en est que plus ressortie et Jacques Lacombe a dirigé l’Orchestre Métropolitain d’une main de maître en en faisant ressortir les subtilités.
Pour l’amour de l’art vivant
Bien que la dernière représentation d’Il Trovatore était dimanche le 18 septembre, j’espère que cet article saura vous inspirer à venir entendre d’autres opéras cette saison. Pour en savoir plus sur les spectacles au calendrier, c’est par ici!
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