Le Baroque d’I Musici: l’audace dans le classicisme
Quand on pense aux compositeurs baroques, les mots qui viennent spontanément à l’esprit ne sont probablement pas « moderne » et « révolutionnaire ». Pourtant, tel que nous l’a démontré l’illustre ensemble I Musici de Montréal lors de son concert Vivaldi : il delirio fantastico donné jeudi dernier au Centre Pierre-Péladeau, ces qualificatifs s’appliquent aisément à certains compositeurs moins connus de cette époque.
Quand Baroque rime avec Moderne
Bien que la pièce de résistance du programme de la soirée ait été les Quatre saisons d’Antonio Vivaldi, on n’oubliera pas les œuvres qui l’ont précédé de ci tôt. En effet, le concert s’est ouvert avec le Capriccio Stravagante de Carlo Farina, un parfait exemple de musique baroque italienne descriptive tant l’imitation de la nature par le billet d’effets sonores de toute sorte y prime.
On y retrouve entre autres l’imitation de chiens et de chats dont l’écriture atonale rappelle celle de compositeurs modernes comme Stravinsky ou même Schoenberg. Ces effets, créés grâce à l’utilisation de pizzicato et de glissando au violon, sont tellement en avance sur leur temps qu’on a de la difficulté à croire que l’œuvre a été publiée en 1627! Il faut l’entendre pour le croire.
Dans la même veine, la deuxième pièce de la soirée, la Battalia d’Heinrich Biber, rivalisait tout autant de modernisme. Avec l’utilisation de la technique col legno, qui consiste à claquer les cordes du violon avec le bois de l’archet (un effet quasi-jamais utilisée à l’époque), ou encore les passages en polyrythmie et en polytonalité, on aurait crû entendre du Charles Yves ou du John Cage, et je n’exagère même pas!
Le classique des classiques
Pour terminer le spectacle en beauté, quoi de mieux que les Quatre saisons de Vivaldi, à condition que cette pièce jouée et rejouée soit interprétée à la perfection. Le public n’a pas été déçu, car I Musici et, il faut le dire, son violon solo Julie Triquet, on sut rendre toute la beauté de ce grand favori du public.
L’ensemble a joué en parfaite communion tout au long des quatre mouvements et Mme Triquet a livré sa partition de façon magistrale. En effet, tout semblait si facile quand elle jouait et on avait l’impression que son violon était directement connecté à ses émotions tant son jeu était sensible. Du vrai bonbon auditif!
La proverbiale cerise sur le sundae
On ne saurait passer sous le silence le liant de ce programme si diversifié : la narration par interlude de la comédienne Anne Dorval. Nous livrant chaque texte présentant les pièces et mouvements avec grâce, distinction et humour, on n’aurait pu mieux demander comme mise en bouche dramatique.
Ce concert d’I Musici (le deuxième de leur saison 2021-2022), était vraiment sans fausse note, pun intended, et j’ai bien hâte de mieux les découvrir dans leurs prochains concerts! Pour en savoir plus sur le programme à venir, c’est par ici.
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