Entendre Basquiat au Musée des Beaux-Arts

Depuis plusieurs années déjà, le Musée des Beaux-Arts de Montréal se fait un point d’honneur d’offrir à ses visiteurs des expositions mettant en lumière la relation intrinsèque de l’art visuel avec la musique.

On peut penser à la plus récente exposition L’Heure Mauve de Nicolas Party, pour laquelle une trame sonore entière sensée être écoutée lors de la visite a été conçue par l’auteur-compositeur Pierre Lapointe. Ou encore, aux expositions Chagall: couleur et musique et Miles Davis: le jazz face à sa légende. Pourtant, ce lien entre les deux formes d’expressions artistiques n’a jamais été aussi fort qu’avec l’artiste Jean-Michel Basquiat. Explication.

Un artiste pluri-disciplinaire

Jean-Michel Basquiat était non seulement un grand amateur de musique de tout genre (il écoutait autant l’opéra que le jazz ou le hip-hop), mais il était lui-même musicien, faisant partie du groupe de musique expérimentale Gray.

En effet, Basquiat se produisait fréquemment au fameux Mudd Club du West End de New York et c’est cet amour inconditionnel de la musique, ainsi que de tous ses acteurs qui transpire sans équivoque dans son art.

On peut notamment compter parmi ses amis et collaborateurs son ex-petite amie Madonna, qui faisait également partie de la scène musicale new-yorkaise émergente de la fin des années 1970/ début 1980. On le voit même apparaître dans le clip New-Wave pour Rapture de Blondie, dans lequel il apparait comme DJ (vous pouvez le voir ici à la minute cinquante-six).

Des œuvres où l’on entend la toile

Mary-Dailey Desmarais, conservatrice en chef du MBAM et commissaire de l’exposition, explique: « L’art de Jean-Michel Basquiat est chargé de son. Mots, instruments, signes et symboles s’entrechoquent dans des compositions qui résonnent – qui éclatent – sous le regard. Ce sont des distillations, des réincarnations et même des incantations de la phonétique
des rues de New York, du hip-hop et du be-bop, de l’Atlantique noir, de Beethoven, de Ravel et d’autres encore. En transposant la musique dans son œuvre, Basquiat célébrait le savoir-faire noir et s’attaquait aux questions les plus épineuses de notre temps. Il donnait vie aux sons qui l’inspiraient et insufflait une âme à ce moment particulier de l’histoire. »

D’ailleurs, lors de mes deux visites de l’exposition, dont l’une pour le vernissage et l’autre pour la soirée caritative du Cercle des Anges, j’ai vraiment pu apprécier cette synergie entre l’audio et le visuel dans l’œuvre de Basquiat.

En effet, certaines toiles, dont l’hommage à l’opéra titrée “Anybody Speaking Words” (1982), juxtaposent à la fois bribes de partition et graphiques représentant le processus de phonation. Vous l’aurez deviné, cette toile me parlait particulièrement!

L’expo la plus compréhensive jamais montée sur Basquiat

Il y aurait tant à dire au sujet d’À plein Volume: Basquiat et la musique du Musée des Beaux Arts de Montreal. En effet, l’exposition rassemble sous un même toit un nombre inédit d’œuvres et d’objets ayant appartenu à l’artiste.

Provenant pour la plus part de collections privées (les musées ne se sont intéressés à son travail que trop tard), la majorité de ses peintures avaient déjà été vendues à des particuliers. Cette exposition représente donc une occasion tout à fait unique de saisir l’étendue et la magnitude de l’œuvre d’un artiste nous ayant quitté trop tôt.

Vous pouvez faire un don à travers le Cercle des Anges afin de soutenir les activités du Musée, ou encore venir profiter de l’exposition Basquiat jusqu’au 19 février!